En
1977, Sabine Monirys participe à la Biennale de Saõ Paulo. De plus en
plus maîtrisée, sa peinture observe la violence du monde, s’inspirant le
plus souvent de photos de presse.
En 1980, elle expose à la Biennale de Venise. Seule femme française à
avoir eu ce « privilège » entre 1970 et 1982, ce moment de « gloire »
lui laisse un goûtamer : un tableau intitulé Les Couteaux me terrifient
est poignardé par un maniaque dans une des salles d’exposition.En 1983,
Sabine Monirys expose chez J. et J. Donguy à Paris. Elle emménage dans
le 13ème à Paris où elle restera jusqu’à sa mort.
Entre 1976 et 1985, plusieurs œuvres emblématiques de Sabine Monirys
intègrent les collections d’institutions telles que le MAM de Paris, le
MAMC de Strasbourg, le Musée de Grenoble, le Centre National des Arts
Plastiques, ainsi que d’importantes collections privées, en France et à
l’étranger.
En 1986, Sabine Monirys opère un tournant. Elle peint des visages sur
papier, qu’elle déchire pour n’en garder que les yeux puis lâche ces
lambeaux dans une tempête de peinture. La toile est lacérée, grattée,
froissée accueille parfois des débris qui viennent s’agréger au tableau.
Elle expose ces œuvres sur papier galerie Hérold à Bruxelles en 1991.
À l’orée des années 1990, Sabine Monirys aborde la sculpture et le
dessin. Elle barde des figurines de clous et d’éclats de verre (c’est la
série « Les âmes barbelées ») et remplit des carnets de dessins
rageurs. Ces dessins forment une fresque dans laquelle cauchemars et
visions sexuelles ont pour contrepoint des phrases à l’humour grinçant
glanées dans la presse du jour. Un livre auquel collabore l’écrivain
Nicolas Vatimbella rassemble une partie de ces dessins sous le titre En
vain l’azur ; il paraît en 2001 aux Éditions du Seuil.
Marquée par l’accident cérébral que subit son fils Antoine Monory en
2003, Sabine Monirys se tourne vers une forme de journal intime – mêlant
plantes, herbes et pétales de fleurs séchées à des aphorismes ou
pensées écrits au crayon, elle compose de minuscules cahiers qu’elle
appelle des « herbiers ».
Avec le temps, les œuvres de Sabine Monirys deviennent plus drôles, plus
libres et sur la fin plus paisibles, comme si l’artiste avait atteint,
par-delà ses combats intimes, la sagesse à laquelle elle aspirait.
Sabine Monirys est née à Oran le 10 décembre 1936 et morte à Paris le 4 mars 2016.
Au début des années 1960, « Sabine » (c’est ainsi qu’elle signe alors
ses œuvres) réalise des peintures naïves ; une fillette s’y perd dans
des décors déformés par les rêves. Elle fréquente le peintre chinois
San-yu mais aussi Jan Voss, Cheval-Bertrand, Lourdes Castro, Roland
Topor ou Guy de Cointet, qu’elle connaît depuis l’adolescence.
Mariée à Jacques Monory avec qui elle a un fils, Sabine se lie d’amitié avec le photographe Robert Frank qui vient de publier Les Américains.
En dépit des aléas de leurs vies respectives, Robert Frank et Sabine ne
cesseront de s’écrire et vivront une amitié de près d’un demi-siècle.
En 1967, Sabine rencontre Jérôme Savary et son Grand Magic Circus : ils
tombent fous amoureux. Enceinte de son deuxième fils, elle devient
l’héroïne du roman-photo Letizia que Savary imagine pour la revue Ali Baba,
publiée à Milan. Elle collabore au Grand Magic Circus, illustre un
livre pour enfants avec Jacques Prévert, un autre avec Roland Topor…
Dans l’atelier de la rue Santos-Dumont, dans le 15ème à Paris, où elle
s’installe avec ses fils Antoine et Robinson en 1974, Sabine entame de
grands tableaux qu’elle signe désormais « Sabine Monirys ». Sa peinture
s’affirme, le tragique y côtoie une tendre ironie. Ses passions
littéraires (Handke, Woolf, Bernhard, Walser…) affleurent dans le choix
singulier des titres ou phrases, qu’elle recueille dans des carnets et
appose à ses œuvres.
Elle présente une première exposition personnelle chez Fred Lanzenberg à
Bruxelles en 1975 puis deux autres à Paris : galerie du Rhinocéros en
1976 et galerie Krief - Raymond en 1979. Collaborant à diverses revues (Daily-Bul & Co, Sorcières…)
et participant à nombre d’expositions collectives, le travail de Sabine
Monirys est défendu par des critiques tels que Alain Jouffroy, Pierre
Gaudibert, Gilbert Lascaut ou Olivier Kaeppelin, ainsi que par la grande
voix du Matin de Paris : Maïten Bouisset.
Catalogue d'exposition | 112 pages | Bilingue français/anglais
Avant-propos de Peter Handke
Essai critique de Rakhee Balaram
Edition : Galerie Kaléidoscope
Diffusion en librairie : IN FINE
Lien vers un aperçu du catalogue
Vernissage le mardi 23 avril à partir de 17h
Exposition du 23 avril au 20 juillet 2024
Du mardi au samedi de 11h à 19h
19, rue Mazarine - 75006 Paris
Créée en 2019, la galerie Kaléidoscope défend des artistes ayant marqué la seconde moitié du XX ͤ siècle et accompagne des créateurs «d’aujourd’hui», en suscitant des endroits de mise en perspectives et de dialogue entre les générations.
Nous
présentons tout particulièrement des peintres, actifs sur la scène
artistique parisienne dans les années 1960 et 1970, et venus pour la
plupart des quatre coins du monde, pour former une véritable avant-garde
figurative.
Sur la base de collaborations étroites avec les estates, les musées et les historiens de l’art, nous avons le souhait de remettre en lumière ce formidable foisonnement de la peinture figurative à Paris, communément appelé "Nouvelle figuration".