Pendant quarante ans, Pierre Boulez fut un hôte régulier du Théâtre des Champs-Élysées comme spectateur, compositeur et chef d’orchestre.
Dès l’après-guerre, il se glissa à de nombreuses répétitions, y dirigea en 1963 son premier Sacre parisien, y fêta son 70e anniversaire au pupitre de six concerts mémorables et y revint jusqu’au début du XXIe siècle à la tête de quelques-unes des grandes formations françaises (Orchestre National, Orchestre de Paris) et européennes (BBC Symphony Orchestra, London Symphony Orchestra, Wiener Philhamoniker). S’il ne dirigea pas d’opéra avenue Montaigne en dehors d’un rare Hippolyte et Aricie en 1964, il y fit entendre la plupart de son répertoire symphonique de prédilection.
Le Sacre du printemps tenait pour Pierre Boulez, et tient toujours pour le Théâtre qui l’a vu naître en 1913, une place majeure dans leurs histoires respectives. Sa dernière venue ici en tant que spectateur fut le 4 juin 2013 pour une représentation du Sacre chorégraphié par Pina Bausch et donné sur une musique enregistrée… celle de sa propre version gravée en 1969 à la tête du Cleveland Orchestra (Sony).
Le destin ne serait-il pas finalement un hasard auquel on donne un sens ?